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Ewilan et CIE

Livre 1 : D'un monde à l'autre, chapitre 1 : Ewilan. 7

Rédigé par Arthur Petit

A la grande surprise de Camille et de Salim, l'incident survenu en français avait été vite étouffé. Une explication boiteuse, coup monté par des élèves chahuteurs, avait été avancée par l'administration et chacun s'était empressé d'y adhérer. Les deux amis s'en félicitaient alors qu'ils longeaient le fleuve, après la fin des cours.

- Ce soir, lança Salim, je te raccompagne chez toi.

- Volontiers, répondit Camille, mais pourquoi ce soir plus qu'un autre jour ?

- L'araignée, répondit le garçon, laconique.

Camille ne put se retenir de sourire.

- Sans vouloir te vexer, Salim, elle mesurait presque un mètre de haut et elle a tenu en respect deux chiens qui auraient encore faim après nous avoir dévorés, toi et moi.

- T'occupe ! Chez nous, au Cameroun, les araignée on les mange, et plus elles sont grosses, plus on se régale.

Camille éclata de rire. Elle n'ignorait rien de al vie que menait Salim chez lui. Elle était au courant du balcon, du bruit, de l'absence d'affection qui valait presque celle dont elle faisait les frais et elle était émerveillée de sa manière toujours positive de prendre les choses.

- Ca roule, Salim. Avec un garde du corps comme toi, les araignées n'ont qu'à bien de tenir.

Salim venait rarement dans le quartier de Camille. Il ne l'avouait pas, mais ces somptueuses maisons mettaient en évidence la misère de sa cité et rendaient encore plus difficile le fait d'y vivre. En arrivant devant le portail métallique, il leva les yeux au ciel en tirant sur ces tresses.

- Bon sang Camille, j'oublie toujours que tu vis dans un film. Tu n'as pas peur de te perdre ?

- Très drôle, Salim ! Bon, allez, à demain, merci de m'avoir accompagnée.

- Y a pas de quoi, ma vieille, à demain.

Camille appuya sur le bouton du vidéo-interphone pendant que Salim s'écartait de la camèra de surveillance.

Ils savaient tous deux qu'il valait mieux que la famille Duciel ne le voie pas, même si Camille aurait payé cher pour découvrir la tête de ses parents adoptifs devant la dégaine de son amis.

Salim regarda le portail se refermer derrière Camille.

Il contempla quelques instants le haut mur de pierre couronné de piques en métal acéré, se demandant à quoi pouvait bien ressembler l'intérieur, puis il réajusta son sac de classe sur son épaule et se mit en route.

Un hurlement le stoppa net.

C'était la voix de Camille !

Il se précipita sur le portail qu'il secoua sans succès. Camille hurla de nouveau.

Affolé, Salim jeta un regard circulaire autour de lui. La rue était déserte.

- Tiens bon, Camille, cria-t-il, j'arrive !

Il se débarrassa de son sac, observa brièvement le haut du mur et bondit.

Ses doigts crochetèrent deux piques métalliques et, en une seconde, il se hissa sur le faîte du mur d'où il scruta le jardin.

Camille se trouvait à une vingtaine de mètres du portail, adossée à un arbre. Elle faisait face à trois monstrueuses araignées noires.

Salim sauta de l'autre côté et courut en hurlant vers la créture la plus proche.

- Foutez le camp, sales bêtes !

Sans se retourner, l'araignée darda vers lui un tentacule terminé par une pointe effilée. Il ne l'évita qu'en se jetant au sol et en faisant un roulé-boulé qui l'amena jusqu'à Camille.

Il se releva vivement et vint se plaquer contre elle, haletant.

- Laquelle je bouffe en premier ? demanda-t-il d'une voix rauque.

- ...

- D'après toi, ça se mange cru ou cuit ? continu-t-il en jetant des coups d'oeil désespérés autours de lui.

- ...

- Et tes foutus chiens, ils sont où ?

- Enfermés le jour ! répondit Camille d'une voix faible.

Les araignées choisirent cet instant pour attaquer. Dans un accord parfait, elles se précipitèrent sur les deux amis qui hurlèrent à l'unisson.

Salim ferma les yeux...

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